LA TENUE VESTIMENTAIRE DES DRUIDES ANTIQUES SELON L'ARCHÉOLOGIE ET LES TEXTES ANCIENS :

07/03/2025

Depuis des siècles, la représentation des Druides antiques fascine et interroge. Pourtant, la question de leur tenue vestimentaire demeure un sujet de débat, où s'entremêlent reconstitutions historiques, interprétations des textes anciens et découvertes archéologiques. Loin des clichés popularisés par la culture moderne, quelle est donc la réalité historique, telle que l'on peut l'approcher, dans l'état actuel de nos connaissances ?Les sources dont nous disposons – qu'il s'agisse des récits gréco-romains, des textes irlandais, des vestiges matériels ou des traditions orales – offrent des informations différentes des à-prioris. Face à cette incertitude, le Druidisme reconstructionniste a la responsabilité d'adopter une approche rigoureuse, fondée sur l'étude croisée des textes, des vestiges et du contexte historique.Ainsi, au-delà des représentations idéalisées, il est essentiel d'analyser avec cohérence les éléments disponibles afin de reconstruire, autant que possible, une image fidèle des vêtements portés par les Druides d'autrefois. Cette démarche ne se limite pas à un simple exercice académique : elle s'inscrit dans une quête d'authenticité et de respect des traditions celtiques, tout en évitant les écueils de l'appropriation anachronique et des interprétations fantaisistes.Seuls les textes anciens et les découvertes archéologiques permettent d'en esquisser une image fidèle. Contrairement aux représentations romantiques modernes, les descriptions antiques montrent une diversité vestimentaire qui reflète leur statut et leur rôle dans la société celtique.

LES SOURCES ANTIQUES : UNE BASE TEXTUELLE À L'ORIGINE DES IMAGES D'ÉPINAL, MAIS NÉANMOINS TRÈS PRÉCIEUSE.

Les principaux témoignages écrits sur les Druides proviennent des auteurs gréco-romains tels que Jules César (Ier siècle av. J.-C.), Strabon (Ier siècle ap. J.-C.), Lucain (Ier siècle ap. J.-C.), Diodore de Sicile (Ier siècle av. J.-C.) et Pomponius Mela (Ier siècle ap. J.-C.). Pline l'Ancien (1er siecle ap J.C.)Les textes médiévaux irlandais et gallois, bien que mis par écrit tardivement, fournissent également des éléments très importants sur la tradition druidique.Jules César décrit les Druides comme une caste sacerdotale influente, tandis que Lucain, dans sa Pharsale, évoque leur rôle dans les sacrifices et la divination. Strabon mentionne les "sages" gaulois vêtus de longues robes, et Diodore de Sicile parle d'un peuple celtique où les rois et les prêtres portaient des vêtements distinctifs.Les textes irlandais, mis par écrit au moyen-âge, mais dont le contenu est beaucoup plus ancien, comme le Lebor Gabála Érenn et les récits du Cycle d'Ulster, font mention de druides portant des manteaux aux couleurs symboliques et utilisant des bâtons magiques.

LES VÊTEMENTS DES DRUIDESLES SOURCES TEXTUELLES GRÉCO-ROMAINES ET IRLANDAISES


Les auteurs romains décrivent les Gaulois en général comme portant des braies (pantalons), des tuniques à manches longues et des manteaux (sagum ou cucullus et même bardocucullus - Martial, Gallien), souvent ornés de motifs complexes. Toutefois, les Druides semblent se distinguer par des vêtements plus amples et des couleurs spécifiques.Un certain nombre de textes évoquent les druides en lien avec des vêtements blancs, ce qui pourrait suggérer l'usage du lin. Lucain, dans la Pharsale (Livre I, vers 450), mentionne les druides revêtus d'un habit blanc lors de cérémonies rituelles : « Vous, druides, qui connaissez les secrets des dieux, (...) vous dont les rites sacrés sont cachés sous d'épaisses forêts, (...) vous portez des robes blanches immaculées. ». Mais aussi Pline H.N. XVI, 249 sq "vétu d'une robe blanche, le prêtre monte à l'arbre et coupe avec une faucille d'or le gui qui est recueilli par les autres dans un linge blanc"La vie tripartite de Patrick : "une grande foule de druides s'étaient rassemblés autour du premier Druide, du nom de Recrad...et il vint vers eux avec neuf Druides, vêtus de vêtements blancs"Forbuis droma Damhgaire : « Quant à Mogh Ruith, il se fait octroyer 50 tuniques, belles, blanches et moelleuses » ( Forbuis droma Damhgaire). Dans TBC : " il a un manteau de laine rouge et une tunique de lin"."l'homme blanc aux nombreux jeux que tu as vu est le docteur de Ulates"Dans Mesca Ulad :« Ferchertne est l'homme blanc très brillant qui joue à des jeux guerriers au-dessus d'eux »« un homme doux, ancien ,blanc-gris marche en tête, il porte un manteau blanc brillant avec des bordures d'argent très blanc,une belle tunique très blanche lui entoure le corps... »Les récits gallois évoquent aussi des figures de druides et de bardes vêtus de blanc.

L'ARCHÉOLOGIE : INDICES MATÉRIELS LIMITÉS


Il est difficile d'attribuer aux Druides des vestiges archéologiques, même si un certain nombre d'objets découverts en fouille sont des objets rituels. Cependant, des statuettes gauloises et bas-reliefs montrent des figures en longues tuniques ou robes, souvent sans ceinture, ce qui pourrait être une représentation des élites religieuses.L'usage de fibules et de manteaux en laine épaisse est attesté. Le torque, collier en métal précieux porté par les élites, a, sans aucun doute été porté par les druides.ACCESSOIRES ET SYMBOLES DRUIDIQUESOn peut associer les Druides à certains objets et accessoires particuliers : -baguettes de bronze, d'argent et d'or : démontrant la fonction et le pouvoir du Druide.- Le bâton (lorgn) : Mentionné dans les légendes irlandaises, il pouvait être un insigne de pouvoir ou un outil rituel. - Le torque : Torque/Collier en or ou en bronze, symbole de pouvoir, d'autorité et reliance aux Divinités. - Le couteau sacrificiel : Décrit par Lucain, utilisé lors de rites. - Les fibules et broches : Présentes dans de nombreuses sépultures celtiques. - des cuillères pour faire des offrandes.

LA TENUE VESTIMENTAIRE DES DRUIDES ANTIQUES : LIN OU LAINE ?

Les débats autour des matières textiles privilégiées par les druides portent principalement sur le lin et la laine, les deux matériaux dominants dans l'habillement celtique. Chacun possède des arguments en sa faveur, à la fois dans les textes anciens et les données archéologiques.Le lin : un textile associé au sacré et à la pureté1. Les textes antiques et la symbolique du linLes citations ci-dessus montrent bien l'importance de la couleur blanche ,"très blanche" le lin est dans ce cas le tissus incontournable.Dans une version de la Courtise d' Etain les êtres de l'autre monde sont décris "blancs comme neige" , l'usage du blanc par les druides illustre donc bien le texte qui dit qu'"ils connaissent les Dieux et parlent pour ainsi dire leur langage"L' association entre la couleur blanche et le rôle religieux est attestée dans l'antiquité, notamment en Égypte et chez bien d'autres peuples méditerranéens. 2. Un textile léger et adapté aux rites en extérieur Le lin présente plusieurs avantages pratiques qui auraient pu le rendre intéressant pour des druides officiant en plein air : - Il est léger et respirant, adapté aux cérémonies en été. - Il est souvent associé aux élites dans les cultures antiques, ce qui correspond au statut des druides comme membres de l'aristocratie intellectuelle. 3. Les découvertes archéologiques sur le lin dans le monde celtiqueL'archéologie a révélé que le lin était utilisé par les peuples celtiques. Des traces de textiles en lin ont été retrouvées dans des tombes celtiques, notamment à Hallstatt et La Tène, deux sites emblématiques de la culture celtique. Toutefois, ces vestiges restent rares, la conservation de tissus étant le fait de conditions bien particulières.

LA LAINE : UN TEXTILE DOMINANT DANS L'HABILLEMENT CELTIQUE

1. Les descriptions antiques de l'habillement celtique Les auteurs grecs et romains décrivent souvent les vêtements des Celtes, bien que rarement ceux des druides en particulier. Diodore de Sicile (Bibliothèque Historique, Livre V, 28-32) indique que les Gaulois portaient des tuniques longues, des manteaux de laine et des braies (pantalons). Strabon (Géographie, Livre IV, 4, 3) mentionne également les vêtements celtiques : « Les peuples de la Gaule portent des vêtements de laine teints de couleurs vives et variées. »Bien que ces descriptions concernent l'ensemble de la société gauloise, elles indiquent que la laine était très utilisée par les Celtes. Il est donc probable que les druides, appartenant à cette culture, pouvaient porter, eux aussi, des vêtements en laine, suivant les circonstances.2. Un textile plus adapté aux climats tempérés à froids.L'Europe celtique étant marquée par des hivers rigoureux et un climat souvent humide, la laine offrait des avantages indéniables : - Elle est plus chaude que le lin, indispensable pour des druides exerçant en extérieur toute l'année. - Elle peut être teinte facilement, tout comme le lin, ce qui correspond aux descriptions des Celtes portant des vêtements colorés, voire brodés d'or et d'argent. - Elle permet de confectionner des manteaux et capes, que les druides auraient pu utiliser pour se protéger des intempéries. 3. Les découvertes archéologiques sur la laine celtique La laine était probablement le textile dominant dans le monde celtique. Des fragments de vêtements en laine, comme pour le lin, ont été retrouvés dans les tombes de l'âge du Fer.Des restes de fibules et broches indiquent que les Celtes portaient des manteaux fermés par des attaches métalliques. Ces capes devaient être des éléments essentiels de la tenue des druides, notamment lors des déplacements et cérémonies en extérieur. Si l'on s'appuie sur les sources antiques et les découvertes archéologiques, il est probable que les druides antiques portaient tant du lin que de la laine, selon le contexte et la fonction de leurs vêtements : - Le lin a été utilisé pour des tuniques rituelles, notamment blanches, en raison de son association avec la pureté et le sacré. - La laine était également utilisée par les druides au quotidien, utilisée pour les manteaux, capes et tuniques de couleur, plus adaptées au climat européen, en hiver. 

LES TEXTES IRLANDAIS MENTIONNENT TOUTEFOIS BIEN D'AUTRES COULEURS

Le Lebor Gabála Érenn mentionne que les druides irlandais portaient des manteaux aux couleurs symboliques (réf) . Dans les lois Brehon, les classes sociales sont distinguées par les couleurs des vêtements : - Les rois portent sept couleurs - Les nobles en portent six - Les druides et poètes ont droit à cinq couleurs - Les guerriers trois - Les paysans une seuleCette distinction vestimentaire montre que les druides faisaient partie de l'élite intellectuelle, religieuse et spirituelle.Voici quelques exemples :Dans le dialogue des deux sages, Nede offre à Bricriu une tunique pourpre avec des ornements d'or et d'argent.Le manteau de docteur est composé" au milieu la couleur d'oiseaux brillants (on peut penser au plumage des cygnes, avec toute la valeur symbolique de ceux-ci.), une averse de finndruine (électrum)et le brillant de l'or à la partie supérieure.Dans tain bô cualgne, la description des trois sacerdotes principaux et de leurs troupes montrent bien la variété des couleurs de leurs vêtements :-Ferchertne, décrit comme "homme blanc", sa troupe" royale avec des vêtements extraordinaires, aussi bien blancs que bleus, noirs et pourpres".-Cathbad « ils ont des manteaux bleus, bariolés, verts, pourpres, gris, blancs et noirs » ... « il a un manteau bleu et pourpre ». -Fingen " il a un manteau noir (...) avec des bordures pourpres (...) il a une tunique avec des rayures en forme de côtes de fil d'or".Ainsi, la vision d'un druide vêtu exclusivement de blanc en lin est parfaitement justifiée, et logique, mais elle n'est pas exclusive. Il est plus probable que leur tenue ait été riche, variée et fonctionnelle, reflétant à la fois leur rang social, leurs besoins rituels et les contraintes climatiques du monde celtique.

THÉORIE CHEZ CERTAINS MOUVEMENTS DRUIDIQUES : LES DRUIDES EN HABIT BLANC ET LES DRUIDESSES EN NOIR

Dans le druidisme contemporain, différentes traditions vestimentaires coexistent, influencées par des sources historiques, des interprétations modernes et des choix symboliques. Parmi ces représentations, une idée s'est répandue selon laquelle les druides devraient être vêtus d'habits blanc tandis que les druidesses porteraient du noir. Cette conception repose en partie sur une lecture erronée d'un passage de Tacite, décrivant l'attaque de l'île de Mona (Anglesey) en 61 ap. J.-C.En réalité, la traduction du passage de Tacite mentionnant des femmes vêtues de noir est incorrecte. Le terme latin d'origine ne signifie pas « noir » au sens de la couleur du vêtement, mais "funèbre", se rapportant à un contexte rituel et non à une règle vestimentaire stricte.

L'ATTAQUE DE MONA ET LA DESCRIPTION DE TACITE

Le récit de l'attaque de l'île de Mona est l'un des rares passages historiques où les druides apparaissent de manière directe. Tacite, dans ses Annales (XIV, 30), décrit l'affrontement entre les légions romaines, menées par Suetonius Paulinus, et les forces celtiques, incluant des druides et des femmes tenant un rôle rituel. Voici comment il décrit la scène : « Sur le rivage se tenait une troupe étrange, parmi laquelle des druides, levant les mains vers le ciel, prononçaient des imprécations terrifiantes, tandis que des femmes aux cheveux défaits, vêtues de noir, agitaient des torches et poussaient des cris funèbres. » Ce passage a été souvent cité pour justifier l'idée que les druidesses portaient systématiquement du noir. Toutefois, ceci est la traduction du texte par Guyonvarc'h et aujourd'hui nous pouvons démontrer que la traduction de "vêtues de noir" est fausse. En réalité, le terme latin utilisé par Tacite se réfère à un vêtement funèbre, et non à une couleur vestimentaire permanente attribuée aux druidesses.L'archéologie permet, là aussi d'en finir avec les affirmations péremptoires de certains :Nous disposons de peintures d'époque montrant des processions funèbres en blanc !Même le recours à une symbolique superficielle grossière blanc/noir , dépourvue de connaissances profondes et ignorant volontairement tout ce qui ne rentre pas dans ce moule indigeste, ne peut justifier ce choix imposé .Un passage éloquent de la Tain Bô Cualgne suffit à le montrer, c'est la description de la prophétesse du sid de Cruachan, Fedelm :"Elle portait un manteau vert, tacheté". Le vert associé à la fonction de prophète... cela pourrait bien évoquer des choix de couleurs qui font l'objet de controverses ...Le texte original de Tacite dans ses Annales (Livre XIV, chapitre 30), décrivant l'attaque de l'île de Mona (aujourd'hui Anglesey) par les troupes romaines :"Stabat pro litore diversa acies, densa armis virisque, intercursantibus feminis; in modum Furiarum veste ferali, crinibus deiectis faces praeferebant; Druidaeque circum, preces diras sublatis ad caelum manibus fundentes, novitate aspectus perculere militem, ut quasi haerentibus membris immobile corpus vulneribus praeberent."Ce passage peut être traduit en français de la manière suivante :"Sur le rivage se tenait une armée hétéroclite, dense en armes et en hommes, avec des femmes courant parmi les rangs ; à la manière des Furies, vêtues d'habits funèbres, les cheveux épars, elles brandissaient des torches ; et autour, les druides, levant les mains vers le ciel, prononçaient de terribles imprécations. La nouveauté du spectacle terrifia les soldats, au point que, comme paralysés, ils restaient immobiles, exposant leur corps aux blessures."Il est important de noter que l'expression latine "veste ferali" a été traduite ici par "vêtues d'habits funèbres". Le terme "feralis" en latin se rapporte aux funérailles ou aux rites funèbres. Ainsi, une traduction plus précise rendrait "veste ferali" par "vêtements funéraires" ou "habits de deuil", mais, en aucune façon "vêtues de noir". Cette nuance est essentielle pour comprendre le contexte rituel et symbolique décrit par Tacite.En tenant compte de cette précision, il apparaît que les femmes décrites par Tacite portaient des vêtements associés aux rites funéraires, ce qui ne signifie pas qu'elles étaient vêtues de noir, mais, comme expliqué ci-dessus, de blanc. 

L'ERREUR DE TRADUCTION ET SES IMPLICATIONS

1. Une confusion entre couleur et contexte rituelTacite décrit une scène où ces femmes participent à un rituel, dans un contexte de guerre imminente. L'erreur de traduction vient du fait que, dans certaines cultures antiques, le noir pouvait être associé au deuil, mais pas exclusivement. Dans le monde celtique, les vêtements funéraires pouvaient être gris, blancs ou sombres, mais pas forcément noirs.2. Une interprétation moderne influencée par des idées contemporainesL'idée des druidesses en noir a été adoptée par certains courants du druidisme contemporain, influencés par une vision romantique et ésotérique sommaire du rôle féminin dans le sacré. Toutefois, cette théorie ne repose sur aucune preuve historique et résulte d'une lecture erronée d'un texte latin.3. Une absence de distinction vestimentaire stricte dans les sources antiquesAucune source antique ne mentionne de distinction rigide entre les vêtements des druides hommes et ceux des druidesses. Les Celtes portaient des vêtements en laine ou en lin , souvent ornés et teints avec des couleurs variées. Les distinctions vestimentaires observées dans le druidisme contemporain relèvent donc davantage de conventions modernes que d'une réalité historique.Les tenues funèbres dans l'Antiquité variaient selon les cultures et les traditions religieuses. Les couleurs portées par les représentants religieux lors des rites funéraires étaient souvent associées à des croyances spirituelles et symboliques liées à la mort, au passage vers l'au-delà et au deuil. Voici un aperçu des couleurs funéraires dans les traditions grecque, romaine, celtique, hindoue et nordique.1. Monde GrecDans la Grèce antique, les couleurs funéraires étaient étroitement liées aux rites de deuil et aux pratiques religieuses des prêtres et prêtresses officiant lors des cérémonies. Couleurs principales : - Noir (mélas, μέλας) : symbole du deuil, du chagrin et de la séparation avec le monde des vivants. - Blanc (leukos, λευκός) : associé à la pureté de l'âme et au passage vers l'Hadès. Les prêtres et prêtresses pouvaient porter des tuniques blanches pour marquer le rituel. - Gris ou Sombre : Certaines représentations indiquent que des vêtements sombres, mais pas nécessairement noirs, étaient aussi employés. Exemples religieux : - Les prêtresses de Déméter (divinité liée au cycle de la vie et de la mort, mais surtout, de la renaissance et de la fertilité) portaient souvent du noir ou du gris lors des rituels en lien avec les mystères d'Éleusis. 2. Monde Romain Les Romains avaient une codification stricte du deuil et des rites funéraires, influencés par la tradition grecque mais avec des spécificités propres. Couleurs principales :- Noir (ater) : couleur du deuil portée par les proches du défunt et parfois par les prêtres lors des rites funéraires. - Sombre (gris, brun foncé, pourpre assombri) : pour les prêtres et augures lors des cérémonies. - Blanc (albus) : utilisé dans certains rites pour représenter la pureté de l'âme après la mort, mais plus rarement porté par les prêtres en contexte funéraire. Exemples religieux :- Les Flamines (prêtres des cultes majeurs romains) portaient des toges blanches et des manteaux rouges lors des cérémonies officielles, - Les Augures (chargés des rites religieux et des présages)portaient un vêtement de couleur safran. 3. Monde Celtique Les Celtes, on le voit ci-dessus pouvaient utiliser des couleurs variées4. Monde HindouDans l'Inde ancienne, les rites funéraires étaient très codifiés, et les couleurs jouaient un rôle important dans la transition de l'âme vers l'au-delà. Couleurs principales : - Blanc : couleur traditionnelle du deuil, symbolisant la pureté et le détachement de l'âme du défunt. - Safran (orangé) : utilisé dans certains rituels funéraires pour marquer le renoncement spirituel. - Noir (rarement utilisé) : contrairement aux traditions occidentales plus récentes, le noir n'était pas la couleur dominante du deuil. Exemples religieux : - Les brahmanes (prêtres) portaient souvent du blanc lors des rituels funéraires et des crémations. - Les ascètes et sages religieux qui se consacraient aux rites liés à la mort et à la réincarnation portaient du blanc ou du safran. 5. Monde Nordique (Scandinave et Germain) Les traditions funéraires nordiques mêlaient rites guerriers et croyances spirituelles, ce qui influençait la tenue des officiants. Couleurs principales : - Noir : parfois mentionné pour marquer le deuil. - Rouge : associé aux sacrifices rituels et au passage vers l'au-delà. - Blanc ou gris : pour les rites liés aux dieux et au passage des âmes. Exemples religieux : - Les Goðar (prêtres nordiques) pouvaient porter des vêtements blancs ou gris lors des rites funéraires. - Les Völvas (prophétesses et officiantes de rituels) étaient parfois vêtues de rouge ou de noir, selon les récits. Une diversité de couleurs selon les traditions Les tenues funéraires antiques portées par les représentants religieux variaient en fonction des cultures et des symboliques associées à la mort : - Le blanc était largement utilisé dans le monde hindou et parfois chez les Grecs et Celtes, symbolisant la pureté et le passage spirituel. - Les couleurs sombres (gris, brun, noir teinté) étaient présentes dans plusieurs traditions, notamment chez les Celtes et les peuples nordiques. - Le rouge était une couleur rituelle liée aux sacrifices et au passage des âmes dans certaines cultures nordiques et celtiques. Ainsi, l'idée que le noir était la couleur systématique du deuil est, en réalité, un héritage plus récent et peu attesté dans l'Antiquité.

DRUIDISME CONTEMPORAIN : UNE INTERPRÉTATION SYMBOLIQUE PLUTÔT QU'HISTORIQUE

Pourquoi cette idée a-t-elle perduré ? 1. Une lecture erronée des textes anciens : la mauvaise traduction de Tacite a influencé les perceptions modernes de certains druides. 2. L'association du noir au mystique et au féminin sacré : certaines traditions occultistes et ésotériques ont repris cette idée pour symboliser le pouvoir féminin et la connexion au monde dit spirituel. 3. L'influence du romantisme et de la Wicca : des mouvements modernes ont renforcé l'idée de prêtresses vêtues de noir. UNE IDÉE MODERNE SANS FONDEMENT HISTORIQUEL'idée selon laquelle les druides doivent être habillés en tenues blanche et les druidesses en noir repose sur une erreur de traduction du passage de Tacite. Cette confusion a été commise dans la traduction de Guyonvarc'h, alors que le texte original parlait de vêtements rituels funéraires et non d'une couleur vestimentaire permanente.Toutefois, cette idée a été adoptée dans certains courants du druidisme contemporain, non pour son exactitude historique, mais pour sa valeur symbolique. Cela illustre comment les interprétations modernes peuvent transformer une erreur de traduction en une tradition acceptée, influençant la manière dont le druidisme est pratiqué aujourd'hui.Mais, en fait, tout ce débat est peut-être totalement sans objet, car le sens de "feralis" est certes "funèbre"...Mais il existe un deuxième sens ; " de bête sauvage" !Il faut donc se poser la question de l'interprétation d'une manière encore plus fondamentale :Les femmes, lançant des imprécations en agitant des flambeaux, étaient peut-être, en fait revêtues de peaux de bêtes sauvages !Ce qui, s'agissant d'un rituel de malédiction, n'aurait vraiment rien d'étonnant.

CONCLUSION : UNE TENUE CODIFIÉE MAIS DIVERSE

Loin des représentations modernes de druides vêtus de longues robes blanches, les sources anciennes et l'archéologie indiquent qu'ils portaient probablement des tuniques longues et des manteaux de lin ou de laine, blancs ou teints selon leur rang. Les couleurs et accessoires variaient selon leur fonction et leur région, avec une forte importance des symboles de pouvoir et de statut. Ainsi, la réalité était complexe.Le Druidisme Reconstructionniste doit honorer l'ensemble des peuples celtes. L'histoire montre que leurs vêtements rituels variaient selon les époques et les peuples, et surtout, la nature des rites et les grades. Ce qui empêche quiconque de prétendre détenir un savoir absolu. Ainsi, seule une lecture attentive et une étude approfondie des textes permettent de préserver une cohérence intellectuelle et spirituelle authentique.Image : Reddit - Le prince de Glauber