LA LANCE SISTRE ET L’INTÉRÊT DE SON UTILISATION CHEZ LES DRUIDES RECONSTRUCTIONNISTES

LA LANCE SISTRE ET L'INTÉRÊT DE SON UTILISATION CHEZ LES DRUIDES RECONSTRUCTIONNISTES A QUOI RESSEMBLAIT LE PLUS ANCIEN INSTRUMENT DE MUSIQUE CELTE ?
Une partie de la réponse se trouve dans une tombe gauloise datant d'environ 280 av. J.-C., découverte lors des fouilles du chantier de l'hôpital Avicenne, à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Mise au jour en 2003 par l'archéologue Yves Le Béchennec, cette sépulture intrigue encore les chercheurs vingt ans plus tard. Récemment, de nouvelles recherches pluridisciplinaires ont été relancées sous la direction de Julian Cuvilliez, spécialiste en archéologie musicale expérimentale.
UNE LANCE SISTRE ET UN BOUCLIER-TAMBOURIN DANS LA TOMBE DU « BARDE DE BOBIGNY »
La tombe renfermait le squelette d'un homme âgé d'environ 60 ans, allongé sur un lit d'herbes et entouré d'objets métalliques qui semblent évoquer à la fois la guerre et la musique. Parmi ces artefacts figuraient deux pendentifs en bronze, de 5 cm chacun, représentant une hache et un sistre, un instrument de percussion métallique. Un autre objet, plus imposant, a attiré l'attention des archéologues : une pointe de fer de 34,5 cm, finement ouvragée et conçue pour être fixée sur une hampe en bois, semblable à une lance. Toutefois, son usage militaire paraît improbable : la pointe est creuse et renferme trois plaquettes métalliques mobiles, montées autour d'un axe central. Dans un premier temps, les chercheurs ont émis l'hypothèse qu'il s'agissait d'une arme incendiaire, semblable à celles utilisées par les légions romaines. Cependant, son architecture fragile et non fonctionnelle a conduit à reconsidérer cette interprétation. Aujourd'hui, le consensus scientifique, soutenu par Yves Le Béchennec, est que cette lance était en réalité un instrument sonore : en la secouant ou en la frappant au sol, les plaquettes métalliques entraient en vibration, produisant un son distinctif. Ce type d'objet trouve des parallèles chez les Scythes (Ukraine) et, plus tard, chez les Ossètes, qui utilisaient des lances sonores,animées par le vent, pour marquer des espaces sacrés. Les recherches actuelles se concentrent désormais sur un autre objet intrigant de la tombe : un cercle de fer d'environ 20 cm de diamètre, déposé près du crâne du défunt. Il pourrait représenter un bouclier, mais certaines analyses suggèrent qu'il aurait aussi pu servir de cadre de tambourin, renforçant l'idée que le défunt était un personnage lié à la musique et aux rituels.
UN INTÉRÊT GRANDISSANT POUR LES DRUIDES RECONSTRUCTIONNISTES :
Cette découverte fascine particulièrement les reconstructionnistes, qui s'efforcent de redonner vie aux pratiques anciennes. L'existence d'une lance musicale gauloise ouvre de nouvelles perspectives sur l'usage du son dans les cérémonies celtiques et guerrières. Les expérimentations en cours permettent d'imaginer à quoi pouvait ressembler la musique rituelle gauloise et d'approfondir notre compréhension du rôle du son dans la spiritualité et la société de l'époque.À notre connaissance, Le premier Druide à avoir fait reconstituer cette lance est le Druide Belenigenos de la Comardiia Druuidiacta Aremorica il y a une bonne dizaine d'années grâce au concours de Benjamin Margotton, luthier, de Randa Ardesca. Il a ensuite permis à d'autres Druides d'en obtenir des reproductions.Les lances-sistres et instruments similaires se retrouvent chez plusieurs peuples indo-européens sous différentes formes, souvent associées à des rituels religieux, des pratiques guerrières ou des cérémonies funéraires. Quelques exemples issus des traditions celtiques, scythes, ossètes et indo-iraniennes :
LA LANCE SISTRE DES GAULOIS :
(Bobigny,France) : Comme évoqué précédemment, la tombe du "barde de Bobigny" (-280 av. J.-C.) contenait une lance sonore, composée d'une pointe creuse avec trois plaquettes métalliques mobiles. Elle aurait produit un son lorsqu'elle était agitée ou frappée contre le sol, et pourrait avoir eu un rôle rituel ou cérémoniel. Ce type d'instrument montre une continuité avec d'autres traditions indo-européennes.
LES LANCES SONORES DES SCYTHES ET DES SARMATES ( Ukraine,Russie) :
Les Scythes, un peuple cavalier d'origine indo-iranienne, utilisaient des lances à extrémités métalliques creuses qui produisaient un son lorsqu'elles étaient exposées au vent. Ce type de lance, parfois appelé "lance sifflante", pouvait être planté dans le sol pour marquer un territoire sacré ou utilisé lors de rites funéraires. Les Sarmates, cousins des Scythes , ont perpétué cette tradition.LES LANCES RITUELLES DES OSSETES ( Caucase)Les Ossètes, descendants modernes des Alains (un peuple indo-iranien apparenté aux Scythes et Sarmates), avaient des pratiques similaires. Leur tradition orale rapporte que des lances métalliques étaient plantées dans des lieux sacrés, où elles servaient de points de repère spirituels et émettaient des sons sous l'effet du vent. Ces lances étaient également utilisées dans des rituels funéraires et initiatiques.
LES SISTRES INDO-IRANIENS ET LES ARMES SONORES DES PERSES :
Dans l'Empire achéménide et chez les peuples indo-iraniens anciens, des objets similaires existaient sous forme de sistres en métal utilisés dans des contextes religieux. Les prêtres zoroastriens pourraient avoir employé des instruments sonores pour accompagner leurs chants liturgiques. De plus, certaines descriptions anciennes mentionnent des armes perses équipées d'éléments métalliques mobiles, émettant un cliquetis destiné à effrayer l'ennemi ou à marquer un rythme lors des batailles.
LE CARNYX CELTIQUE :
des instruments de guerre sonoresBien que différents des lances-sistres, les carnyx celtes étaient des trompes de guerre en bronze, montées sur de longues hampes, avec une embouchure en forme de tête d'animal (souvent un sanglier). Leur rôle était comparable aux lances tintantes, dans une utilisation apotropaïque (conjuration de forces maléfiques) : ils servaient à produire un effet sonore puissant, souvent dans un contexte guerrier( pour les ordres de manoeuvre des troupes) ou cérémoniel.Les lances musicales et sistres indo-européens semblent avoir eu plusieurs usages :- Marquage d'un espace sacré (chez les Scythes et Ossètes)- Instrument de rituels religieux ou funéraires (comme à Bobigny)- Arme sonore pour intimider l'ennemi(Perses et certaines traditions guerrières)- Instrument de procession ou d'accompagnement de chants sacrés (dans certaines traditions zoroastriennes et indo-européennes,mais aussi dans de nombreuses autres traditions, entre autres l'Egypte)Cette convergence dans les pratiques montre une utilisation du son comme un élément sacré, guerrier et symbolique, marque néanmoins la continuité culturelle entre les peuples indo-européens.
EXPERIMENTATION CHEZ LES DRUIDES RECONSTRUCTIONNISTES :
Plus tard, au sein de la Comardiia Druuidiacta Aremorica, une étude druidique a été menée, accompagnée d'expérimentations sur les rythmes, les cérémonies et les incantations. Ces recherches ont permis de mieux comprendre cet objet, d'affiner son utilisation et de concrétiser son rôle dans les pratiques rituelles.Bien qu'aucune source historique celtique ne précise l'utilisation exacte de cet objet, les éléments précédemment évoqués suggèrent qu'après une consécration rituelle, il pourrait avoir servi à : - Marquer un espace sacré, délimitant un lieu dédié aux rites. - Purifier un site cérémoniel par le son, en chassant les influences négatives. - Accompagner les invocations, en contribuant à éloigner les mauvaises ondes, ce qui en ferait un véritable instrument de rituels religieux. - Être utilisé lors de processions, ainsi que pour rythmer chants, incantations, ouvertures et clôtures de cérémonies.Les Druides reconstructionnistes :
LA RECHERCHE ET VIVRE SA FOI À TRAVERS LES DÉCOUVERTES INTELLECTUELLES ET SPIRITUELLES
Contrairement aux idées reçues, le reconstructionnisme druidique ne se limite pas à une approche intellectuelle ou à une simple reproduction matérielle d'objets et de rites historiques. Il ne s'agit pas d'une démarche purement archéologique ou académique destinée à satisfaire une curiosité intellectuelle.
UN SAVOIR VIVANT, PAS UN SIMPLE EXERCICE DE RECONSTITUTION
Les Druides reconstructionnistes ne sont pas de simples rats de bibliothèque, cherchant à collectionner des fragments du passé sans en comprendre la portée. Certes, l'étude des sources anciennes est essentielle, mais elle n'est qu'un point de départ : l'objectif est d'intégrer ces connaissances dans une pratique spirituelle et rituelle vivante, adaptée à notre époque.
UNE TRANSMISSION PAR L'EXPERIMENTATION
Les objets rituels comme la lance-sistre, les carnyx, ou encore certains symboles celtiques ne sont pas recréés pour de simples raisons esthétiques ou historiques. Ils sont testés, utilisés dans des rites, cérémonies et expérimentations sonores pour mieux comprendre leur fonction, leur impact et leur puissance rituelle. Une approche expérimentale qui permet d'explorer comment et pourquoi ces objets étaient utilisés autrefois, et comment ils peuvent retrouver leur sens aujourd'hui.
DES RITES QUI PRENNENT VIE
Au-delà des objets, les cérémonies et rituels ne sont pas de simples mises en scène figées du passé. Le reconstructionnisme druidique cherche à redonner corps et âme aux pratiques anciennes, en les expérimentant dans des contextes spirituels, en observant leur résonance avec des éléments historiques, une foi aux divinités de nos ancêtres et en adaptant leur usage aux besoins actuels.
UN CHEMIN ENTRE TRADITION ET INTUITION
Loin d'être une simple reconstitution muséale, la démarche des reconstructionnistes est un chemin initiatique qui conjugue savoir historique et pratique spirituelle. Il ne s'agit pas de figer une tradition, mais de lui redonner du souffle, en magnifiant la dimension du sacré et l'expérience directe aux Divinités dans les pratiques druidiques.
RECRÉER N'EST PAS IMITER C'EST REVIVIFIER UNE MEMOIRE ET EN FAIRE UNE FORCE VIVANTE
Le druidisme reconstructionniste n'est pas un jeu d'historien, mais un pont entre passé et présent, un moyen d'ancrer une sagesse millénaire dans une spiritualité pleinement incarnée aujourd'hui.
BOUSSOLE DU DRUIDISME RECONSTRUCTIONNISTE
Le druidisme reconstructionniste est une quête de savoir et de pratique, fondée sur l'étude des textes des auteurs anciens, mythologiques, archéologues qui sont des fragments du passé et l'expérimentation actuelle pour se rapprocher des anciens. Il ne s'agit ni d'une simple reconstitution historique, ni d'une tradition figée dans la certitude, mais d'un chemin où l'honnêteté intellectuelle, le respect des autres pratiques et l'humilité face à l'incomplétude du savoir sont essentiels. Aucune source ne permet d'affirmer une vérité absolue, et seul un sectaire ou un gourou prétendrait la détenir en discréditant les autres. Le véritable reconstructionniste s'efforce de comprendre, d'expérimenter et de transmettre, sans jamais s'enfermer dans un dogmatisme étroit et sclérosé, car c'est dans l'ouverture et la quête sincère que réside la véritable essence d'une spiritualité, et surtout pour le Druidisme, descendant et héritier de la religion des Celtes, qui refleurit après plus de 1000 ans de persécutions,d'occultations, n'excluant pas diverses formes de transmissions.
Source photographique : breizh-info
